Entre deux rendez-vous, le chapeau se repose dans l’atelier. Il côtoie mes travaux. J’imagine un face à face entre le chapeau et mon bonnet d’âme…

Ici avec mon manteau de liens. Ce sont deux projets que j’aime, deux projets qui me permettent la rencontre, l’échange. C’est toujours ce que j’aime le plus dans mon travail, les dispositifs qui me permettent cela.

J’ai tellement aimé faire des moulages de bustes, avec des models parfois inconnus, allongés dans mon lit, à ma merci…

Tellement aimé filmer des hommes raconter quand ils pleurent… recueillir des couvres plaies…. Ou des vêtements portés pour de vrai, avec l’odeur des gens.

Ici le chapeau a un air de ventre et mes liens un air de viscères...

Ce soir, je ressens un manque de temps pour mon travail d’atelier…

Je ressens un désir et un manque.

J’aimerais pouvoir consacrer un jour dans la semaine à mon travail personnel, comme d’autres ont le jour du seigneur.

Le chapeau d’argent part en tournée dans une classe de sixième, grâce à la généreuse complicité de mon ammi Laurent.

Cette après midi, j’ai préparé des énigmes, pour la première phase : l’enquête…

Mon amie Wei était à l’autre bout du monde lorsque j’ai travaillé sur ce projet. Mais j’avais envie qu’elle figure dans ses liens. Alors j’ai moi-même choisi parmi les nombreux tissus qu’elle m’a souvent rapportés de Chine. J’ai voulu prélever un morceau d’indigo tissé par des Dong et lustré au blanc d’œuf, ce tissu incroyable qui ressemble à du papier ciré. Mais je n’ai pas pu amputer cette chemise. Je me suis souvenu que ma mère m’avait rapporté un rouleau de ce même village chinois. Il fait donc lien avec ma mère et avec Wei.

Olivier mon compagnon a été le dernier à me faire un don (un de ses caleçons). J’ai tout de suite remarqué qu’il avait exactement la même couleur que le lien que j’avais prélevé pour lui dans notre drap et premier lien de ma série. Un signe…

Le projet se termine pour sa partie illustrée. Je fais faire imprimer un livre photo qui décrit chaque lien et accompagnera la pièce. En revanche le projet se poursuit, les deux cordons de liens cousus aux manches sont prolongeables à l’infini avec tous les nouveaux liens que j’espère continuer de recevoir.

Après une nuit au grand calme dans la maison de fée, nous sommes partie visiter Entrevaux et sa citadelle médiévale très haute perchée. J’aurais préféré un village  abandonné que nous avait indiqué notre hôte, mais il pleuvait et la route pour s'y rendre était semble t-il un peu difficile. Bien sur j’étais comme toujours très mal équipée pour ce genre d’épopée physique alors nous avons choisi la citadelle, entre les averses et les coups de tonnerres.

Ann marchait bien sur d’un bon pas sportif et moi je soufflais ou mes chaussures glissaient, ou bien je traînais pour prendre des photos. C’est un peu ainsi entre nous depuis toujours.

J’ai beaucoup cette image de ma soeur Ann, qui attend au pas de l’église que la pluie cesse….