Robe d'Alice, 2m80 x 2x2
La Robe d'Alice est une robe démesurée, immense, mais qui n’est cependant pas monumentale. Elle est à la frontière entre l’échelle humaine et l’échelle du fantastique, avec une hauteur d’environ 3m et touchant le plafond. Cette robe rappelle immédiatement le personnage d’Alice de Lewis Carrol, qui fait l’expérience de changer démesurément de taille. Sous cette robe, le spectateur est invité à entrer, car la robe est aussi une cabane, sous laquelle il trouvera une forme suspendue comme un organe
(cœur, estomac ?) couvert de l’inscription mangez-moi et remplie de petits gâteaux rappelant celui dans lequel Alice croque et qui provoque son brusque changement de dimension. Le spectateur est donc invité à prendre le risque de manger un gâteau…
Cette pièce évoque ce lien très anxiogène entre la forme du corps et la nourriture, lien qui devient ici quasi fantastique.
Les gâteaux choisis, les Polvoronès, sont aussi mes gâteaux préférés, ils représentent une forme de tentation suprême et en même temps ils ont la particularité de tomber en miettes quand on essaie de les manger.
Sans titre
Cette robe est recouverte de mots brodés, des adjectifs qualificatifs qui désignent les volumes du corps féminin, dans un ordre de taille croissant….de mince à monstrueuse….en passant par pulpeuse, appétissante dodue, charnue, grosse…Les mots brodées ont presque la même couleur que le tissu, comme une sorte d'écriture sur la peau, de mots comme scarifiés.
Captive
C’est une robe de pensionnaire, une robe ou une chemise de nuit comme en portaient les femmes dans les asiles psychiatriques.
Sur la robe sont brodés des traits, représentant les jours passés en détention. Ils sont aussi comme des cicatrices. Les initiales d'origine sont aussi recouvert de nouveaux initiales brodé par dessus, interrogeant ainsi la question de l’identité qui s'estompe en détention.
J'ai choisi de broder 3096 traits qui représentent les jours de détention d'une enfant captive ayant existé.
J'ai aussi fait le choix de broder cette robe en écoutant le témoignage d'une ancienne déportée.
Les liens
Ce grand vêtement conçu en deux parties symétriques, est noué devant et au dos, par une centaine de liens, cordons de tissus de couleurs.
Ces tissus proviennent directement d’une quarantaine de personnes avec lesquelles j’estime avoir un lien fort, solide ou un lien nécessaire (Lien familial, amical, professionnel…) et qui ont été sollicités pour me faire don d’un morceau de tissu leur appartenant.
Au bout des manches, un ruban de liens sera prolongé dans le temps, à mesure que de nouveaux dons me seront faits.
Cette pièce est accompagnée d’un livret qui raconte l’histoire de la récolte des tissus, elle interroge les rapports humains, et l'importance capitale des liens que nous avons avec les autres. Sans ses liens physiques, le manteau s'écroulerait puisqu'ils sont situés devant et au dos, formant ainsi une sorte de colonne vertébrale (au sens propre et figuré). Ce grand vêtement en drap blanc brodé, rappelle aussi l'habit sacré. La part de sacré ici n'est donc pas dans le divin mais dans la qualité des relations humaines.
Voir le livre des Liens ici
Abécédaire de dyslexique
Traditionnellement un abécédaire tolère peu de fantaisie. Sur le mien, les lettres y sont brodées dans un léger désordre.
Chaque lettre a sa singularité, son point, son fil, comme refusant l'uniformisation. Cette pièce également très autobiographique rend compte de cette difficulté qu'est la dyslexie dans son rapport symbolique à la norme représenté ici par la forme du corset.
Bonnet d’âme
C’est un petit bonnet d’âne, sur lequel sont transférés deux documents originaux : une sanction administrative et une feuille de notation. Le nom du "puni" est ici remplacé par un matricule. Cette pièce est une critique douce-amère, d'un épisode personnel de ma vie. J'exprime ici combien le monde du travail peut se montrer cruel, blessant, déshumanisant, et nous infantiliser à travers toute une dimension punitive.
Gilet pare-balles
Ce minuscule gilet fragile et délicat montre combien il est impossible de se protéger de quoi que ce soit.
Son matériel rappelle la gaze. Ce gilet évoque aussi, avec un brin de dérision, la précarité de notre existence.
Laisser glisser
Cette robe- manteau permet symboliquement de se protéger des mots hostiles. C'est le tissu imperméable qui sert ici de protection car les mots coulent dessus. Trois mots choisis et répétés : Mépris, bêtise et Malveillance.
Le petit suaire
Cette toute petite robe très fragile d'enfant porte des taches pigmentées et symétriques qui rappellent le saint suaire.
Robe cicatricielle
Cette robe autobiographique est couverte de cicatrices matérialisées par de vrais pansements conservés parfois depuis plus de quinze ans et cousus les uns aux autres. S’ajoutent des points de broderie matérialisant les points de sutures.
Maternité
Cette robe sur laquelle on distingue trois empreintes de bébé, évoque la maternité et l'idée forte de "porter un enfant" au sens propre ( durant le grossesse) et au sens figuré: "porter en son sein", "en son cœur".
Il y a ici l'empreinte de deux nouveau-nés qui occupent non pas une place "utérine" mais une place haute sur la robe, situé au niveau du "cœur-poumon". Puis aussi la trace de l'enfant que l'on perd durant la grossesse, matérialisée par une empreinte rouge toute petite et en chute libre vers le bas.
Sans titre
Ensemble de formes "informes", réalisé en toile de draps et rempli de son, avec à l'intérieur des objets dissimulés et révélés par des images radiographiques . La toile de ces formes au sol, est partiellement couverte de pansements ou de petites traces de plaies, de cheveux, donnant ainsi l’aspect d’une peau humaine. Cette pièce est une réflexion sur le corps, sur le dialogue et la dualité entre l'extérieur et l'intérieur, entre ce qui est caché et visible.
