HANDSKA
PLASTICIENNE
C’est curieux de voir ce qu’on aime vieillir. Il y a ceux dont la peau se plisse, simplement, un peu comme un kilt. Sans douleur, un pli régulier, assez net. Il y a ceux dont la peau se froisse à peine, comme une soie sauvage, un crêpe de Chine. On a le sentiment que ça va se défroisser immédiatement si on passe la main dessus. Et puis il y a ceux dont la peu se fane, se recroqueville, se craquelle. Ceux pour qui vieillir c’est un mauvais tour de la vie, un tour du diable, ceux dont la peau prend tout d’un coup une odeur acre. C’est comme ça, on ne peut rien y faire ….
Je continue la ballade dans les boites et les boites de photos....ballade dans la mémoire.
De temps en temps émerge une photo où je ne me reconnais absolument pas.
Comme celle ci, prise sur l'île de Hai Nan, au sud de la Chine, en 1990...mes yeux sont plus que bridés...un effet de mimétisme, d'adaptation, peut être.....
1992. J'ignore pourquoi j'avais cet air triste sur l'une et un peu arrogante sur l'autre. L’arrogance de la jeunesse sans doute, de la beauté aussi, celle dont on a pas conscience à cette âge là et que l'on ne voit que 15 ans plus tard.....
Je découvrais qu'il existait une antenne de l'école de Sumerhill non loin de chez moi. J’étais dans état d’euphorie ! Enfin les enfants allaient êtres heureux à l’école !
Il était possible de faire une journée d'essai. J’arrivais donc avec les enfants dans cette immense école ou les enfants jouaient partout. Toutefois l’école était une véritable caricature, créations d’enfants partout, un sol couvert de tâches de peinture et des enseignants très détendus et un brin soixante-huitards qui buvaient du café confortablement installés dans des coussins.... aucun enfant ne travaillait, tous jouaient ou faisait des arts plastiques.
Thelma disparu bien vite avec d’autres enfants. Je déposais alors Piolou dans le coin des petits, autours d’un arbre immense, arbre couvert de balançoires, toboggans, tunnels….lui aussi se montrait très à l’aise. Je décidais donc de m’éclipser et pensais important d’expliquer que le petit n’était pas encore propre, qu’il avait donc une couche, que j’en étais désolée….mais on me répondait qu’il n’y avait aucun problème….
Je sortais de l’école et je me disais que certainement les enfants seraient heureux, épanouis et bien dans leurs peaux, mais que peut être, aussi, ils m’apprendraient pas grands choses, et seraient sans doute très en retard sur le plan scolaire… je me disais que finalement Thelma avais fini par s’habituer à l’école avec sa dureté et ses manquements…que peut être il ne fallait donc pas la changer d’école….je me disais aussi que finalement mon point de vue sur la question des normes et de la liberté, étaient plein de d’ambivalence….je culpabilisais un peu … Je me sentais pactiser, renoncer à mes valeurs…
Heureusement le réveil a sonné.
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